POUR UNE REFONTE ADMINISTRATIVE FACE À L'EXTENSION DU CHAMP ARTISTIQUE ET CULTUREL
Le champ artistique ne se limite plus aux disciplines artistiques
traditionnellement valorisées. Sur l’exemple des arts de la scène, au
noyau initial du théâtre de texte, du concert classique et de la danse
académique, se sont ajoutés les théâtres du geste, d’objet, de rue, les
arts du cirque, les musiques amplifiées de tout type, les formes
diverses de danse moderne et contemporaine, et plus récemment les
pratiques plurielles des cultures urbaines. Dans un autre domaine, le
terme d’arts plastiques recouvre désormais une palette très ouverte de
démarches distinctes. Cette extension du champ ne va pas sans poser
d’énormes problèmes de prise en compte de la part du ministère de la
culture comme des collectivités territoriales. Le "traitement" de ces
nouveaux secteurs par le pouvoir politique exige en symétrie une
transformation radicale du fonctionnement traditionnel de
l’administration publique.
A cette expansion du champ des disciplines artistiques, s’ajoute une
extension des relations de l’art à la population - à l’école, dans les
hôpitaux, les prisons, les banlieues et quartiers défavorisés -, qui
implique elle aussi une relation autre aux collectivités publiques.
Enfin, à l’intérieur des démarches artistiques, la transversalité entre les
disciplines s’impose de plus en plus non seulement par les nouvelles
technologies multimédia, mais aussi par la volonté des artistes eux-
mêmes de dépasser les clivages et cloisonnements imposés. Ainsi, à
une transversalité de "juxtaposition" o๠les artistes travaillent déjà
ensemble mais chacun restant dans son domaine propre, succède de
plus en plus une transversalité de "contamination" o๠les différentes
disciplines se nourrissent les unes des autres et o๠leurs frontières
tendent à s’effacer.
Ainsi, la conception et la mise en œuvre d’une transversalité réelle des
administrations culturelles deviennent de jour en jour plus
indispensable. Les structures verticales par discipline gardent une
pertinence relative au double titre de l’histoire et des spécificités
esthétiques et organisationnelles de domaines particuliers de pratique.
Mais elles sont aujourd’hui totalement insuffisantes pour comprendre
et promouvoir les dynamiques d’expression, de rencontre, de brassage
et de mixité qui sont une des parts les plus riches et innovantes du
développement artistique et culturel contemporain. Cette transversalité
à inventer concerne toutes les administrations culturelles, et au
premier rang le ministère de la culture lui-même.
Proposition 3
Même si elle doit être précisée (voir proposition 8), Autre(s)pARTs
soutient la notion générique de projet de développement artistique et
culturel, en lien avec des populations ou des territoires situés. La
notion complémentaire de "correspondant administratif unifié", ou
encore de "correspondant administratif chef de file", nous semble un
autre élément essentiel pour que s’inventent des formes bien plus
efficientes de transversalité entre administrations publiques.
La juxtaposition de divers ministres et de diverses instances locales
nécessitent au moins la mise en place d’un organisme interministériel
au plan national qui ait le pouvoir d’impulser une nouvelle dimension
de la politique culturelle. Nous plaidons donc pour la création ou la
consolidation d’un organisme unique chargé de prendre en compte
l’ensemble des projets émanant du terrain sur le modèle du FIC (ancien
Fonds d’Intervention Culturel), chargé d’assurer la relation entre les
ministres, la mise en œuvre et l’évaluation des projets avec un
interlocuteur unique. Un fonds régional réunissant les interventions
des collectivités territoriales serait créé pour répondre à des objectifs
semblables.