LE CONSEIL DE LA CREATION
Le conseil de la création artistique présidé par Marin Karmitz vient de rendre ses premières propositions. Ayant posé comme préalable que, aux côtés du SYNDEAC et de l’UFISC, notamment, nous désapprouvons totalement la mise en place de cette instance et demandons sa dissolution immédiate, autorisons nous néanmoins quelques réflexions sur les éléments qui viennent d’être rendus publics.
La complémentarité affirmée par Marin Karmitz avec le Ministère de la Culture est hélas une nouvelle preuve de la déconsidération dont est victime la Rue de Valois, déconsidération qui est d’ailleurs sans doute compréhensible, au regard de son manque d’ambition, de perspectives, de combativité, bref, de son affaiblissement de plus en plus patent. Mais sans doute aurait-il mieux valu confier aux ministres successifs la mission de définir une politique renouvelée et solide, et leur donner les moyens de la mettre en œuvre plutôt que de nommer un comité, qui, loin de s’appuyer sur les nombreuses et souvent pertinentes réflexions des acteurs de la culture, a travaillé en cercle fermé, dans cet entre-soi qui va à l’encontre des enjeux mêmes de nos activités.
Le maître-mot du comité, peut-on lire dans la presse, est la transversalité. Or, les propositions retenues semblent absolument contradictoires avec ce terme, ou alors il s’agit de s’entendre sur sa définition. S’il s’agit une fois de plus pointer du doigt les jeunes, créant une nouvelle catégorie, une sorte de label pour les moins de 30 ans, à l’exclusion des autres ; s’il s’agit cette fois encore d’isoler la Seine Saint-Denis, comme s’il n’existait d’autres territoires nécessitant une profonde attention dans notre pays ; s’il s’agit de construire une « Colline des arts  » à Paris, fà »t-ce dans l’ouest, de consolider le Centre Pompidou, fut-il mobile, ou de développer les moyens de l’opéra, fà »t-ce pour une diffusion dans les théâtres publics, nous sommes consternés. Et s’il peut sembler sympathique de proposer une pratique musicale en banlieue ou des visites de musée via internet, ce n’est pas cela qui, pensons-nous, permettra le développement d’une véritable action culturelle prenant en compte les nécessités absolues figurant dans des documents pourtant signés soit par l’Etat, comme la charte pour la diversité culturelle de l’Unesco, soit par de nombreuses collectivités territoriales, comme l’Agenda 21 de la culture.
De ce fait, devant l’inanité de ces propositions et l’inertie du Ministère, nous affirmons haut et fort l’urgence de nouvelles orientations culturelles nationales s’appuyant sur de réelles transversalités, entre les différents ministères, mais aussi entre les artistes, les acteurs culturels ou sociaux, scolaires, universitaires ou économiques, etc... Loin de la politique des labels, nous revendiquons la prise en compte de chaque projet dans sa singularité, dans l’intensité du rapport à son territoire et la pertinence de ses relations aux populations. Nous souhaitons en définitive, et cela nous semble loin d’être impossible, que l’on reconnaisse que la culture n’est pas affaire de quelques-uns qui, de là -haut, viennent nous délivrer la bonne parole, mais concerne tous et chacun.
Pour artfactories / autre(s)parts
Éric CHEVANCE
Délégué Général