Pour commencer par le commencement, avec un homme de théâtre comme Laurent Vercelletto, il faut tenir le fil d'une carrière ébauchée à la célèbre école de la rue Blanche (Paris, promotion 1972), puis prenant forme sous le signe d'une compagnie hors normes, " l'Attroupement ", qui durant une bonne quinzaine d'années, a irrigué les scènes lyonnaises (et au-delà ) de spectacles toniques comme une bouffée d'air pur. Déjà se manifestait régulièrement le désir de sortir du cadre institutionnel et de créer non seulement des spectacles, mais aussi des moments festifs qui participent d'un rapport nouveau avec le public.
Pour Laurent Vercelletto, cette manière de faire - qui est aussi une façon d'àªtre - a perduré. A cinquante ans, ce metteur en scène et acteur vient d'entamer un nouveau virage dans sa carrière, virage qui - pour àªtre périlleux d'un point de vue institutionnel - n'en est pas moins passionnant et nécessaire pour le créateur.
Installé pour trois ans dans le septième arrondissement de Lyon, Laurent Vercelletto commence à mettre en actes la proposition qu'il a faite à " La Scène-sur-Saône ", une école d'acteurs (à statut privé) basée sur deux lieux : l'un au bord de la Saône comme l'indique le nom de l'école, l'autre dans le quartier de Gerland. Sous la forme d'échanges négociés, Laurent Vercelletto et Magali Bonat, artiste associée à la Compagnie, ont toute latitude pour répéter dans l'ancien entrepôt loué par l'école à Gerland, et rebaptisé " La Scène-Gerland ". En contrepartie, ils interviennent régulièrement à l'école, et font participer les élèves chaque fois que cela est possible à leurs créations. Il s'agit de " les emmener au feu du public ", comme les pompiers vont au feu de l'action...
Le projet artistique de Vercelletto et Compagnie s'est longtemps appuyé -durant cinq ans - sur un fonctionnement de théâtre " sans murs ". Le désir légitime des artistes de s'ancrer dans un " quelque part " qui leur corresponde s'articule aujourd'hui avec l'idée de jouer dans ce lieu en devenir qu'est la Scène-Gerland, et aussi, " de jouer à partir de ce lieu ", explique Laurent Vercelletto. " Tout ici est ouvert aux possibles ", poursuit-il. " Le quartier est en pleine restructuration, et le lieu lui-màªme l'est aussi ". En effet, l'école vient de réaliser des travaux de rénovation importants, afin que l'ex-entrepôt ne reste pas l'endroit sans confort et sans chauffage qu'il était au départ.