{id_article}
le 13/07/2003 par Marc Fouilland

Donner du sens à la subvention

position

La décentralisation est aujourd’hui fortement induite de l’Etat vers les régions, mais celle ci n’a de sens que si elle engage aussi les échelons suivant, c’est à dire les départements et les pays au côté et sous la tutelle de l’Etat et de la Région " pour réduire la disparité urbain-rural ".






A ce jour, il me semble prioritaire de " partir des initiatives locales et de les faire monter en puissance " pour favoriser l’émergence de " structures de co-production et de mise en résidence d’artistes ".. Cela implique plus les élus locaux au regard des partenaires que sont l’Etat et la Région.
La démarche est plus longue mais correspond aux enjeux de la décentralisation.

" Pour développer les échanges artistiques " faut-il créer une structure régionale ou un observatoire (proposition 2) ? Ne faut-il pas plutôt privilégier le lien avec les territoires ? Expérimenter, c’est aussi oser des partenariats. Aujourd’hui dans une région comme Midi Pyrénées et en raison de la concentration des institutions et donc des équipes artistiques sur l’agglomération toulousaine, il me semble que la décentralisation doit s’accompagner d’une proximité avec l’échelon départemental, voir du pays.

La concentration des structures et des ressources culturelles sur la métropole n’est pas, à mon sens, facteur de développement durable à l’échelon régional et national. L’exigence de qualité et corollairement de moyens est un postulat, mais reconnaissons que les collectivités ont su prendre le relais de la politique de décentralisation de l’Etat qu’elles financent actuellement en grande partie.
L’Etat doit rester fort et la Région le devenir. Ainsi, si l’implication des institutions toulousaines est parfois motrice de développement culturel en région, restons honnêtes, à ce jour elle ne suffit pas à couvrir le territoire régional. Des projets comme ceux, dans le domaine du spectacle vivant, des Pronomades, de Jazz in Marciac, de l’Eté de Vaour, du Chaînon Manquant ou de Circuits/ Circa ne sont pas nés de l’initiative de " pôle structurant installé à Toulouse ". Imaginons donc des dispositifs plus affirmés, qui favorisent la présence des œuvres et artistes de reconnaissance nationale en région et qui soient l’occasion d’émuler le vivier régional de talents émergeants, qui ne soient pas eux non plus, condamnés à se regrouper sur l’agglomération toulousaine. Il s’agit là d’éléments de développement régional et pas uniquement de développement sur le plan culturel.

Ne reproduisons pas à l’échelon régional les erreurs commises par la première vague de décentralisation. Tout en restant ambitieux sur les politiques culturelles, il ne faut pas avoir peur de dialoguer avec les échelons plus proches du territoire comme le démontre la dynamique actuelle des pays. Comment trouver aujourd’hui des projets de développement culturel pertinents au plus près des populations ? Là est la question, mais les réponses ne peuvent s’inscrire que sur des projets originaux et forts, inscrits dans le temps, au-delà des échéances électorales, afin de leur permettre de prendre le risque d’innover.

Pour "créer les conditions d’un véritable dialogue entre artistes, professionnels et élus", au sein du "comité de suivi de l’expérimentation culturelle " (hypothèse 1), j’opposerai sans démagogie, autant de comités que de départements avec un rôle fort et décisionnel de l’Etat et de la région. Chacun des deux se doit de "donner dès le début de l’expérimentation, des preuves concrètes de sa clairvoyance et de son soutien aux projets les plus risqués".

Les artistes et médiateurs n’ont pas besoin d’un organisme institutionnel de ENGINE " plate- forme professionnelle " (hypothèse 2) juste pour eux ; il leur appartient de créer les réseaux nécessaires à leurs échanges. Il faut donc prioritairement profiter de l’occasion institutionnelle de cette nouvelle vague de décentralisation, pour sensibiliser et impliquer les élus.

Pour ce qui concerne la proposition de " dossier unique " (hypothèse 3) avec un lieu de décision unique, celui-ci n’est pas le garant du " soutien aux projets les plus risqués ". Un espace de concertation avec l’ensemble des partenaires financiers, qui assument seuls leurs choix, après avis d’une plate-forme d’acteurs professionnels départementaux et d’autres départements semble plus pertinent car en rupture avec l’isolement des partenaires financiers. Cela demande une réelle capacité de dialogue, d’expertise et d’évaluation de l’ensemble des acteurs, c’est un risque qui peut être pris dans un souci de formation.

C’est à travers la décentralisation, qu’il faut sensibiliser prioritairement les collectivités et en conséquence leurs élus, pour " donner du sens à la subvention" et réduire les disparités.



  • contributions