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le 9/12/2003

Position du Syndicat NFAC - Nouvelles Formes des Arts du Cirque

national
Pantin, le 24 novembre 2003.


« A la base, il y a la relation entre l’artiste et le public. N’oublions pas qu’au-delà, nous ne sommes tous que des intermédiaires »






Monsieur,

Nous avons pris connaissance de votre communication concernant le débat national sur le spectacle vivant.

Le plan de déroulement est conforme à ce que vous nous aviez présenté lors de notre rencontre, le 20 octobre dernier, à Pantin.

Cependant, nous émettons les plus vives réserves quant au choix des membres de la mission. En effet, toutes les personnes qui la composent, pour brillantes et compétentes qu’elles soient ne représentent qu’un aspect limité du monde du spectacle vivant : celui de l’institution, celui qui détient la plus grande part des budgets, celui qui entre autres et pour reprendre l’expression que vous avez utilisée lors de notre rencontre, « verrouille les circuits de diffusion ». Bref, celui qui gère, pense, juge, mais pas celui qui crée.

Où sont dans votre liste les jeunes créateurs, les artistes, les compagnies ? N’ont-ils pas de discours pertinent, de pensée, de réflexion sur le sens de leurs métiers ? Nous n’y reconnaissons personne de ceux qui autour de projets artistiques originaux inventent de nouveaux rapports aux publics, personne de ceux qui, par leurs actions sur l’ensemble du territoire, réussissent à toucher une partie de cette grande majorité de Français, qui, bien que finançant la culture et la création artistique a très peu accès au spectacle vivant. Les études successives, qui, depuis Malraux, traitent de cette question, montrent bien qu’un énorme travail de sensibilisation reste à faire auprès de la grande majorité de la population. Nous ne voyons personne non plus qui soit représentatif de ce public. Enfin, nous ne voyons personne de ceux qui ne revendiquent pas forcément l’excellence, mais prennent les vrais risques d’un engagement artistique, et constituent le terreau sur lequel fonctionne l’ensemble du spectacle vivant.

« A la base, il y a la relation entre l’artiste et le public. N’oublions pas qu’au-delà, nous ne sommes tous que des intermédiaires » déclarait dans un débat un diffuseur. Alexis Grüss, qui mieux que quiconque connaît la valeur du cercle, revient toujours à la question : « Quel est le centre ? ». Il nous appartient de vous dire qu’avec le choix des personnes, dont vous vous entourez pour mener à bien votre mission, le centre est au mauvais endroit. L’acte artistique, et les relations multiples qu’il génère avec les publics, est le vrai centre des choses. Or celui-ci, est trop souvent recouvert, masqué, déplacé, défiguré, dénaturé par les « intermédiaires », qui s’érigent ou s’autoproclament experts de la juste pensée en matière d’art et de culture. Nous constatons avec dépit que ce sont précisément ces personnes, qui entrent, de façon majoritaire, dans la composition de la mission pour le débat national sur l’avenir du spectacle vivant.

Nous n’admettons pas, par ailleurs, que devant les enjeux d’un tel chantier, les arts de la rue et les arts du cirque soient représentés par une seule et même personne, quelles que soient ses compétences. Si nous sommes les premiers à établir des passerelles entre ces deux formes artistiques, il nous paraît en l’occurrence utile d’en dissocier les spécificités et les réalités respectives.

Nous comprenons bien qu’il incombe aux membres de cette mission de consulter largement les différentes parties prenantes du spectacle vivant. Mais nous doutons fort que par sa composition, la mission puisse proposer des angles de vue et de réflexion qui prennent en compte la diversité des cas de figures, des expériences, des engagements, et des solutions proposées par ceux qui, bien qu’insufflant la vie à la création artistique, subissent de plein fouet la crise de ce secteur.

Suite à cet ensemble de réflexions, et sans leur prise en considération, nous émettons des réserves sur l’intérêt de poursuivre, dans le cadre de la mission qui vous incombe, notre contribution au débat national sur l’avenir du spectacle vivant.

Recevez, Monsieur, l’expression de nos salutations respectueuses.

Pour le Syndicat NFAC
Jean-Christophe Hervéet
Président
Nota Bene : Ce courrier fera l’objet d’une diffusion dans la presse nationale spécialisée.



  • été 2003 (revue de presse)

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