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le 30/07/2008 par Couac

Des éléments de bilan à partager

courte respiration
rebond n°1 sur les Assises de la Culture


La deuxième journée de lancement des Assises qui s’est tenue le samedi 7 juin à l’Université du Mirail a permis de poser un certain nombre d’enjeux illustrés et corroborés par des données chiffrées et cartographiées. Ces éléments de connaissance sur le milieu culturel sont essentiels pour comprendre une situation, pour appréhender un territoire et l’ensemble des facteurs, humains, matériels et immatériels, qui interagissent.

Si des éléments de bilan qualitatifs ont pu être partagés lors des « Lundis de la Culture » notamment par le biais des interventions en tribune ou dans la salle, très peu d’éléments quantitatifs ont été évoqués et mis en débat. Où sont les chiffres ? Hasardeuse question en fait.






Evoquant des critères de mesure imposés par la LOLF (loi organique relative aux lois de finances) Xavier Dupuis [1] exprime ce qui pourrait enlever beaucoup d’eau à notre moulin : « les chiffres bruts ont peu de signification s’ils ne sont pas rapportés à un ensemble d’autres éléments de connaissance et d’analyse (…) en outre, ces éléments chiffrés laissent entière la question de la qualité des actions menées par les opérateurs artistiques et culturels. Dans un secteur comme la culture où la dimension qualitative est toujours mise en avant, il va sans dire que ces indicateurs sont perçus comme extrêmement réducteurs, ce qui renforce la défiance des différents acteurs à l’égard de toute tentative de recherche et de mise en cohérence d’informations et de données. »

On pourrait s’arrêter là. Constater que les ateliers thématiques ont permis déjà d’impulser un dialogue, de susciter des échanges entre acteurs culturels, artistes, élus et habitants dans le cadre de cette consultation. Ce n’est pas rien.

Mais quand même, il est aussi écritLire en ligne [2] que « les Assises de la Culture constituent un moment de concertation et de dialogue, pour comprendre et évaluer ensemble les réalités, les atouts et les faiblesses du milieu culturel à Toulouse ».

Alors comment se passer d’éléments budgétaires élémentaires lorsque l’on aborde tour à tour les questions d’équipements culturels, de passerelles entre institutions et acteurs associatifs, de grandes manifestations, de circulation des artistes, de patrimoine, etc… bref, de toutes ces questions qui ont tout de même à voir avec celles du financement, des subventions, des fonds publics (de leur gestion, des critères d’attribution…). Comment encore parler de territoires, micro ou macro avec la perspective de la nouvelle communauté urbaine, en restant à l’intérieur des seules frontières administratives de la ville (limites de la cartographie présentée le samedi matin) ? Comment parler de Rangueil sans étendre une carte à Ramonville ou Castanet, de même avec les Sept Deniers et les équipements blagnacais ?

« Un effort de diagnostic est à engager [3] » faisait remarquer Jean-Gabriel Carasso lors de l’une de ses premières interventions. Il s’agit donc d’acquérir de la connaissance à travers des signes observables. Des signes qui ne peuvent se résumer aux seules « idées et attentes » formulées dans le cadre de cette consultation aussi libérée et libératoire soit-elle. Il en faut d’autres, observables, précis, avérés, irréfutables.

Continuons avec Xavier Dupuis : « L’observation, nous dit-il, relève d’un processus partenarial qui dépasse très largement les questions budgétaires. Elle ne peut être réduite à la simple récolte d’informations et elle ne saurait en aucun cas se limiter à une collecte quantitative. Elle relève d’une démarche construite avec la définition d’objectifs, le traitement des informations quantitatives et qualitatives, leur synthèse et leur mise en débat, leur suivi et leur actualisation. »

Très bien. On n’est vraiment pas loin des trois actes autour desquels s’organisent les Assises :
-  recueillir les idées et les attentes
-  les soumettre au débat
-  les mettre en forme afin d’élaborer le nouveau projet culturel de la ville [4]

On a bien affaire à une démarche (« processus participatif ») construite avec un objectif défini : « élaborer le nouveau projet culturel de la ville », qui passe par un traitement d’informations qualitatives (« idées et attentes » en sont sans doute une première matière), qui feront l’objet d’une mise en débat et d’une synthèse (« mettre en forme »). Une forme de suivi a déjà été évoquée par le biais notamment d’une commission de pilotage indépendante et renouvelable tous les ans [5] , et une « actualisation » par un partage annuel d’éléments de bilan sur la politique culturelle mise en œuvre ne saurait échapper à cette nouvelle et ambitieuse équipe.

Manquent donc seulement les informations quantitatives. Une paille !

Les prochains « Lundis de la Culture » sont l’occasion de regarder de près ce qui a été, ce qui est et ce qui sera dans une configuration nouvelle, voire innovante. En aucun cas, nous ne pourrons nous passer de données chiffrées, demandées par le Couac depuis le lancement des Assises : la distribution du budget culturel est forcément lisible quelque part au sein de l’administration de la 4ème ville de France sans qu’il soit nécessaire de fouiller l’ensemble des délibérations des conseils municipaux. Les villes de la prochaine communauté urbaine devraient également communiquer ces chiffres.

Ces éléments de bilan qui sont avant tout des éléments d’information et de compréhension doivent aussi nous permettre de ne pas tirer de conclusions avant la fin de ce processus. Lorsqu’il sera question de « l’accompagnement à la création, la formation et la diffusion » (8 septembre), de « nouvelles pratiques et innovation » (15 septembre), de « culture scientifique et technique » (22 septembre), d’ « espaces culturels ouverts » (29 septembre), d’ « éducation artistique et médiation culturelle » (6 octobre), d’ « événements culturels dans la ville » (13 octobre), de « gouvernance culturelle » (20 octobre)… gageons que nous saurons convoquer ces données, à bon escient, pour tout à la fois « comprendre et évaluer » et explorer le champ des possibles.

Le Couac



[1Xavier Dupuis est chercheur au CNRS et professeur associé à l’Université Paris Dauphine où il dirige le Master « Management des organisations culturelles » et le Groupe d’études et de recherches sur les organisations culturelles (GEROC). Extrait tiré de l’article « Observer et évaluer les politiques culturelles : pourquoi, comment ? » in Culture & Société, un lien à recomposer, éditions de l’attribut, Toulouse, 2008.

[2Le vade-mecum des assises de la culture, site officiel des assises. http://www.assisesdelaculture.toulo...

[3Extrait de la synthèse de l’atelier 1 « les articulations centre-ville et quartiers » téléchargeable sur le site des Assises.

[4Assises de la culture, mode d’emploi. Trois actes pour la culture. (extrait du document remis aux participants des Lundis de la culture, p.4)

[5Document de campagne (mars 2008) « Toulouse, à gauche tu gagnes »

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